Après mes 38h en 2009, un arrêt de la course en 2010, et une
impasse en 2011 afin de participer au Grand Raid des Pyrénées, me voilà de
retour à Chamonix sur l’Utmb. Cette
année je voudrais passer sous la barre des 33 heures, vu le parcours assez
roulant et mon résultat en 2011 au Grp et en mai 2012 sur la Maxirace à Annecy,
cela me semble tout a fait réalisable.
Arrivé 2 jours avant le départ, je retrouve Fred Bernard et Didier Ambroise(inscrit sut la Tds), ainsi
que quelques membres du club Trévires.
Jeudi matin, départ de la Tds de Courmayeur pour un parcours
de +- 112 km (7000 D+) qui doit rejoindre Chamonix par divers difficultés dont
le Col de la Youlaz (2661m), le Col
du Petit Saint-Bernard (2188m),le Passeur de Pralognan (2567m), le Col de la
Gitte (2322m), le Col du Tricot (2120m) …….
Le temps est très
pluvieux, la température chute et les prévisions sont de plus en plus pessimistes.
La Tds vient de partir sous la pluie et
le vent. On doute de plus en plus des
conditions climatiques concernant l’Utmb.
Un sms de l’organisation nous informe des T° possibles à -10° au dessus
de 2000 mètres, 4 couches vestimentaires sont obligatoires. Pas très réjouissant …………
Vendredi a 2h53
du matin, Fred passe le ligne à Chamonix en 19h52 à la 50ème position sur +-
1200 participants. Tout le long de l’ultra,
le temps fut catastrophique, et rien ne semble devoir s’améliorer dans les
heures qui suivent.
Vendredi vers
13h00, la mauvaise annonce tombe par sms :
Ø Départ UTMB et Nuit de vendredi à samedi : brouillards, pluie (10/12 litres d’eau au
m²) neige faible dès 1700 m (2 à 5 cm) mais 5/10 cm à 2/2500 m, -1° à 2500 m et
vent du nord-est à 50 km/h, ce qui donne sensation de -5/-10°.Conditions météo
trop difficiles sur Col du Bonhomme Col de la Seigne et Grand Col
Ferret.L’UTMB® partira vers 19:00 sur un parcours de repli qui passera
uniquement en France. La première partie du parcours de l’UTMB® reste inchangée
jusqu’à La Balme puis reviendra aux Contamines puis aux Houches par un chemin
différent. Il longera ensuite toute la vallée de Chamonix et peu avant le Col
des Montets rejoindra le parcours de la CCC® pour rentrer à Chamonix par
Argentiere."
Tout change, il faut revoir son parcours, son assistance,
les ravitos, ……., en quelques heures il faut s’adapter à un nouveau parcours en
plus de conditions climatiques qui seront vraiment difficiles et épuisantes. Le nouveau tracé fera en fin de compte 110 km
avec 5800 de D+. De nouveau, après 2010,
l’histoire se répète, et malgré ses 10 ans d’expérience, un budget colossal, l’organisation
semble un peu perdue. Une seule question
se pose, pourquoi ne pas avoir postposé de 10 ou 12 heures le départ (comme prévu
au règlement du Cristalp en Suisse), car dès samedi matin les conditions
climatiques étaient nettement plus favorables pour les jours suivants.
Vendredi 19h00, le départ est donné pour les 2400 traileurs
présents. Comme prévu, cela part très vite, et li faut déjà donner beaucoup pour pouvoir rester dans les 300
premiers . Arrivés aux Houches (+- 9km),
la vitesse moyenne se situe à +- 13 km/h, et c’est seulement maintenant que les
difficultés vont commencer. Depuis ½ heure, il pleut et plus on monte plus cela
tombe. Dans le noir, la pluie puis la
grêle, la boue, le froid, rend notre
progression difficile, et on se dit que les prochains 100 km vont être coriaces
et fort exigeants. Je passe le sommet
du Delevret en 1h37 en 236ème position. J’entame la descente sur Saint Gervais, le
sol est glissant, et les appuis dans le noir sont difficiles et approximatifs. Ayant souffert de grosses douleurs au genou
courant juillet et début août, j’appréhende cette descente technique, ce sera
un 1er test (passe ou casse ?).
Et cela « passe », j’arrive à Saint Gervais en 2h25 en 282éme
position, et oui la descente n’est pas mon fort (+- 50 places perdues). Claire et Fred sont là pour m’encourager. Je repars vite direction Les Contamines, la pluie tombe de + en + fort,
malgré la Gore-tex, je suis trempé de la
tête au pieds.
Après 3h49, je rejoins Les Contamines (+- 31 km), ravito
assez rapide, et me voila reparti vers La Balme, le point culminant de l’ultra
à +- 2000 m. Vers 1800m, c’est la neige qui tombe et la t° avec, il fait froid,
et nous progressons tant bien que mal dans plusieurs cm de neige, et avec une
visibilité fort réduite. Enfin après
5h21 d’effort, je passe le pointage de La Balme en 323ème
position. Il reste encore +- 1 km d’ascension,
et après c’est de la descente pour un retour sur le ravito des Contamines. Arrivé au sommet, plus de balises, des
traileurs en train de courir un peu partout à la recherche d’une balise. Nous sommes plusieurs a rebroussé chemin et
pour finir au loin des traileurs ont trouvé le chemin. Nous devons alors effectuer une traversée d’une
étendue enneigée, et plusieurs fois,, on s’enfonce de +-20 cm, le terrain en
pente est parsemé de petits cours d’eau, et de marécages, mes pieds sont
trempés et gelés…..
Samedi 2h42 du matin, je suis de retour au ravito des Contamines, j’en
profite pour me poser 15 minutes et pour manger. Claire et Fred sont toujours là malgré le froid
et la pluie.
Maintenant ce sera une longue et difficile progression vers
Belle Vue (autre point Haut du parcours), toujours sous la pluie, la grêle et
le vent. Les pieds sont constamment dans
la boue, les appuis glissent dans tout les sens, et je ne compte plus les
chutes. Au petit matin après 11h10 de
course, j’arrive au ravito des Houches.
Il drache comme jamais, j’en profite quand même avec l’aide de Claire
pour me changer complètement.
Complètement sec, je repars dans la pluie avec encore plus de
motivation. Les 30 prochains km jusqu’à Argentière seront une suite de grosses montées
et de descentes techniques sur un parcours fort cassant et toujours avec la pluie
au dessus et la boue en dessous ! C’est
ici que physiquement et mentalement, je
vais pendant +- 1 heure craquer et me faire dépasser par +- une centaine de
traileurs avant d’arriver à Argentière après 16h17 de course (position 443)
Après avoir été remotivé par Claire et un bon ravito, je me
sens « reboosté », et sur les 13 derniers km roulant, je vais
reprendre 44 places pour arriver à Chamonix vers 12h30 et enfin sous le soleil en 17h33 399ème. La pluie a enfin cessé depuis +- 2 heures et
il fait même chaud sous un soleil lumineux.
Quelle dommage car en une nuit comme prévu le temps s’est complètement
inversé, et oui c’est cela aussi la montagne, c’est elle qui décide ………………….
Quand je pense que début juillet je ne savais plus descendre
les escaliers, et que je n’ai pas pu courir pendant +- 6 semaines probablement
du à un pincement du cartilage, je suis assez satisfait de mon résultat. Dommage qu’il n’y avait pas une trentaine de
km en plus car je me sentais de mieux en mieux sur la fin. J’ai toujours l’impression que plus c’est
long, mieux je finis …..
Félicitation encore à Fred Bernard, et à Didier Ambroise pour
leurs superbes résultats sur la course (TDS) la plus difficile cette année à Chamonix :
Ø
Fred : 50ème/1200 en 19h52
Ø
Didier : 470ème/1200 en 29h26
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